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Eau dans la vallée : Les mesures d’urgence du ministre de l’Agriculture

Publié le 23 avril 2008

Un dialogue de sourds s’était installé entre la structure d’appui qu’est la Saed et les producteurs de riz ‘en détresse’ à cause de la rareté de l’eau. La situation était devenue si catastrophique pour les cultures dans certaines parties du Delta, le ministre de l’Agriculture s’est rendu samedi dans la vallée du fleuve Sénégal. Et il a annoncé les mesures qu’il a prises pour que l’eau parvienne en quantité aux rizières.

SAINT-LOUIS - Arrivé en sapeur pompier dans le Nord du pays, après les multiples complaintes des producteurs de la région de Saint-Louis qui ne manquent jamais l’occasion d’attirer l’attention sur le manque d’eau qui plombe leurs activités agricoles, le ministre de l’Agriculture, Hamath Sall, a enlevé une épine des pieds de ces populations en prenant des ‘mesures pratiques à court terme’. Une visite qui arrive à son heure dans la mesure où un dialogue de sourds s’est installé entre la structure d’appui qu’est la Saed et les producteurs ‘en détresse’, étant entendu que les deux parties n’ont jamais pu émettre sur la même longueur d’ondes en dépit des différentes tentatives pour arrondir les angles.
Ainsi, après avoir visité et surtout écouté les uns et les autres, le ministre de l’Agriculture a ‘reconnu l’existence de tensions dans la disponibilité en eau’ avant de décider que la batterie de motopompes qui a été installée au niveau du chenal de Savoigne par les exportateurs horticoles qui vont finir leur campagne dans quinze jours, soit maintenue par la Saed et la Direction de l’horticulture qui devront continuer à assurer le pompage. Et précisera Hamath Sall, ‘nous avons aussi demandé à la Saed, de façon urgente, d’arrêter un programme spécial de faucardage, c’est-à-dire de nettoiement des différents adducteurs de manière à restaurer le débit de l’eau et la capacité. Mais ces mesures sont autant de solutions immédiates pour permettre aux producteurs en aval d’avoir suffisamment d’eau pour maintenir, dans des conditions satisfaisantes, leurs cultures au niveau différents périmètres’ explique-t-il.

Le ministre relèvera, dans la foulée que ‘le problème se pose parce qu’après les records de cette année, notre ambition, c’est de faire 30 mille hectares pour la prochaine campagne de contre-saison, plus que ce que nous faisons en hivernage. Il y a donc des solutions de fonds pérennes à envisager’. Et selon ministre de l’Agriculture, le Programme de développement des marchés agricoles et agroalimentaires du Sénégal (Pdemas), financé par la Banque mondiale, ‘va apporter une contribution à travers la réalisation du canal de Kankraye de 9 km, qui va assurer la jonction entre le fleuve et le Lampsar et permettre ainsi de relever le niveau de l’eau. Mais, malgré la diligence qui a été apportée à ce projet, il ne sera opérationnel que dans 18 mois. Nous avons donc demandé à la Saed de préparer un programme transitoire d’urgence à mettre en œuvre durant la prochaine campagne hivernale pour qu’à la contre-saison chaude de février 2009, nous soyons dans les conditions d’assurer ce développement de la riziculture, tout en apportant l’eau nécessaire’.
Expliquant, face à la presse, les raisons de sa présence, samedi, dans le Delta du fleuve Sénégal Hamath Sall a fait savoir être venu ‘essentiellement regarder les problèmes que rencontrent les producteurs sur l’axe Gorom-Lampsar, qui nous ont été rapportés et selon lesquels il y avait des tensions dans la disponibilité de la ressource en eau et que ceci pourrait compromettre les productions en cours de développement dans cette partie du pays. Nous avons estimé venir voir comment se pose le problème sur le terrain, rencontrer les producteurs, discuter, échanger avec et, à la suite de cela, prendre les dispositions qui s’imposent’. A ce niveau, le ministre de l’Agriculture a avoué avoir ‘constaté qu’il y a un problème de disponibilité de l’eau. Les raisons de cette situation proviennent de plusieurs niveaux’. Selon Hamath Sall, ‘les raisons les plus importantes, c’est que d’une part, de façon endémique, l’axe Gorom-Lampsar apparaît comme étant assez vulnérable du point de vue de la disponibilité de l’eau. De façon assez régulière, en contre-saison, il est arrivé que le problème se pose même s’il est vrai que cela ne s’est jamais posé avec l’ampleur connue cette année où nous avons une campagne de contre-saison exceptionnelle puisque le dernier comptage qui a été fait rapporte que les emblavures, pour ce qui est de la riziculture, ont franchi le cap des 13 300 hectares. Ce qui correspond à plus de quatre fois à ce qui se fait d’habitude. Rien que sur l’axe Gorom-Lampsar, où l’année dernière, ils ont emblavé 1 300 hectares, 5 500 hectares ont été emblavés, durant cette présente saison. Naturellement, durant la phase de mise en eau des rivières qui correspond à une demande très forte, on pouvait l’anticiper, pose un certain nombre de problèmes aux populations qui sont situées en aval’.
D’après le ministre de l’Agriculture, ‘la deuxième raison, c’est qu’en réalité, les typhas ont envahi les cours d’eau malgré les efforts qui ont été faits, notamment par la Saed et les unions de producteurs. Il se trouve simplement que cette plante a proliféré et gêne considérablement le débit des différents adducteurs et affluents’. Au passage Hamath Sall ajoute que ‘sur certains axes, notamment le chenal de Savoigne, qui est un chenal qui a été dimensionné pour supporter environ 300 hectares, il y a, aujourd’hui, 500 hectares qui y sollicitent les ressources en eau. Cela est dû à une certaine indiscipline qui s’est instaurée en ce qui concerne l’implantation des périmètres malgré les avis défavorables qui ont été émis et les mises en garde qui ont été formulées. Ce qui entraîne des situations de précarité, dès que le niveau de l’eau baisse, pour les populations qui sont sur des points hauts’.

Source : Walfadjri du mardi 22 avril 2008

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