DANS L’AGENDA... 28e « Mardi du BAME » sur le thème « Autosuffisance en moutons de Tabaski au Sénégal : état des lieux, contraintes et solutions des acteurs »
Publié le 6 juin 2023
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Termes de références de l’atelier
Face aux mutations démographiques actuelles (croissance démographique accélérée, urbanisation galopante), la demande en produits animaux offrant les meilleures garanties de sécurité sanitaire ne cesse de croitre. C’est particulièrement le cas dans la chaine de valeur ovine sénégalaise qui, avec les chèvres, contribuent à hauteur de 25% à la satisfaction de la demande en viande. En effet, 2e espèce la plus représentée derrière la volaille et devant les caprins et les bovins, les moutons sont au Sénégal en majorité détenus par les femmes et les jeunes pour lesquels ils constituent une source non négligeable de revenus et ainsi contribuent à l’égalité des genres. Par ailleurs, c’est la principale espèce concernée par les sacrifices pendant les célébrations sociales (baptême, mariage…) et religieuses (en particulier la fête musulmane de la Tabaski). De plus, sa viande est celle qui est préférée des consommateurs sénégalais (Seydi et Ba, 1992). Ce rôle éminemment social du mouton en fait une espèce stratégique dont la demande croissante est de moins en moins couverte par la production nationale. Ainsi, les importations d’ovins en provenance de la Mauritanie et du Mali ont fortement augmenté, entre 2000 et 2020 (passant de 4 542 000 à 7 699 966 têtes selon les estimations officielles).
L’autosuffisance en mouton a toujours été une préoccupation historique des pouvoirs publics sénégalais. Si les premières initiatives ont déjà commencé en 1975 avec la création du CRZ de Kolda, le Projet de Développement de l’Élevage Ovin (PRODELOV) mis en place en 1986 à Kaolack a été la première manifestation d’envergure de cette volonté. D’autres projets verront le jour, notamment, le Programme Productivité et Pathologie des Petits Ruminants en milieu rural au Sénégal en 1983 et le Projet de Développement des Espèces à Cycle Court (PRODEC) en 1994. Plus récemment (2015), a été lancé le PRONAM dont l’objectif était d’accroitre l’offre nationale de moutons, notamment de Tabaski et de contribuer à la création d’emplois générateurs de revenus.
Importance de la Tabaski au Sénégal.
La Tabaski constitue une fête majeure pour la communauté musulmane au Sénégal
Elle revêt une importance toute particulière sur les plans religieux (acte de sacrifice obligatoire pour tout musulman majeur qui en détient les moyens), économique (commerce de moutons et toutes les activités connexes : transport, vente aliment bétail, santé animale, etc.) et social (cohésion sociale, bonheur familial, raffermissement des liens de voisinage et de parenté).
Spécificités de la Tabaski au Sénégal
La forte communauté musulmane qui représente environ 95% de la population ;
La forte pression sociétale qui oblige les fidèles musulmans à procéder au sacrifice d’un mouton même si certains n’en ont pas les moyens ;
Le ciblage spécifique du mouton par les chefs de familles malgré les autres options de sacrifice offertes par la religion musulmane sur les autres catégories de ruminants (caprins, ovins et camelins), selon les moyens familiaux ;
Conséquence : une forte demande de moutons sur le plan national et plus spécifiquement dans la région de Dakar.
Enjeux de l’autosuffisance en moutons et de la tabaski
- Enjeu de l’autosuffisance en moutons
– Augmenter l’offre en moutons et la qualité des sujets présentés grâce à un accroissement du disponible dont les utilisations sont variées ;
– Permettre une compétitivité de la filière ovine sénégalaise pour la satisfaction des besoins nationaux, voire d’exporter l’excédent ;
– Renforcer parallèlement la filière des cuirs et peaux du Sénégal.
- Enjeux de la tabaski au Sénégal
L’enjeu majeur de la Tabaski au Sénégal consiste à satisfaire les besoins des populations grâce à un approvisionnement suffisant du marché national en moutons et à des prix raisonnables.
2 options existent pour atteindre cet objectif :
1) Importations auprès des pays voisins (Mali et Mauritanie) détenant des cheptels importants, pour combler le gap de la demande (conjoncturel) ;
2) Aller vers l’autosuffisance en moutons de Tabaski (à moyen-long terme).
Pour le moment, face à l’impossibilité de satisfaire la demande à partir du cheptel national, notre pays fait recours aux importations. Ainsi, sur un besoin de 810 000 à l’échelle nationale, le Sénégal a importé 247 844 en 2021 contre 280 111 sujets en 2020, principalement du Mali et de la Mauritanie (soit 30% de la demande en 2021).
- La problématique actuelle de la « Fièvre Hémorragique Crimée Congo » (FHCC) ne risque-t-elle pas de saper le bon déroulement de la Tabaski 2023 ?
En général, la principale pathologie qui affecte les ovins et les caprins demeure la Peste des petits ruminants (PPR) qui est aujourd’hui de plus en plus maîtrisée grâce aux campagnes régulières de vaccination du cheptel à travers tout le territoire national. Toutefois, cette année, la « Fièvre Hémorragique Crimée Congo » (FHCC) qui a été récemment diagnostiquée dans certaines localités du pays ne risque t’elle de remettre en cause l’approvisionnement du marché et de freiner l’ardeur des consommateurs en ce sens qu’elle est une zoonose ?