Atelier d’idéotypage : La DyTAEL de Fatick construit sa vision pour un département agroécologique en 2035
Publié le 3 septembre 2024
Construire une vision pour l’action
Salinisation, dégradation des terres et des mangroves, perte de fertilité des sols, faible valorisation des produits locaux… les acteurs du département de Fatick doivent affronter des menaces existentielles aussi complexes qu’entremêlées.
Pour préparer l’avenir et construire un Fatick « nataange » (mot wolof évoquant le vivant et la prospérité), la Dynamique pour une Transition Agroécologique Locale (DyTAEL) de Fatick et ses partenaires scientifiques se sont donnés pour mission de construire une vision partagée d’un département de Fatick agroécologique, résilient et innovant à l’horizon 2035.
Pour ce faire, ils ont réuni un large panel d’experts venus de tout le département à l’occasion d’un atelier d’idéotypage de cinq (05) jours à Palmarin. Les invités étaient des représentants de la société civile, des entreprises, des collectivités et des services de l’Etat, tous reconnus pour leurs connaissances du territoire et de ses enjeux de durabilité.Pour, le Coordonateur de la DyTEAL de Fatick, Mame Birame Sène, cet atelier se justifie par la nécessité pour ces acteurs de se réunir pour identifier et trouver des solutions aux problèmes de Fatick.
Idéotypage : une méthode de conception pour la transition agroécologique
L’idéotypage est une méthode collaborative de ‘visioning’ développée par le CIRAD qui consiste à imaginer le futur désiré d’un territoire pour répondre à ses enjeux globaux de durabilité. Ilpermet d’explorer des changements radicaux et systémiques dans les structures sociales, économiques et matérielles impliquées les transitions agroécologiques.
Un idéotype est un modèle théorique cohérent et optimisé pour atteindre des objectifs précis et pallier à des contraintes identifiées. Pour construire un idéotype de territoire agroécologique, les participants doivent identifier et assembler des innovations de natures variées (techniques, organisationnelles, institutionnelles) dans divers domaines : production agricole, aménagement du territoires, politiques publiques, filières de commercialisation, etc. Cette démarche d’innovation dite « couplée » permet de résoudre des problèmes complexes qui ne pourraient en aucun cas être réglés par une intervention dans un seul domaine.
A la racine des problèmes
Les travaux de groupe ont d’abord permis de construire une analyse partagée des causes profondes et des conséquences des problèmes centraux du territoire, à savoir : (i) la dégradation des terres (salinisation, perte de fertilité, etc.), (ii) la diminution des ressources forestières et de la biomasse herbacée et ligneuse, (iii) le faible accès à l’eau productive, (iv) la faible valorisation des produits d’intérêt territorial (mil, riz, sel, niébé, légumes, lait, etc.), et enfin (v) la faible intégration de l’agroécologie dans les politiques publiques locales.
Ce travail a abouti à la construction de 5 arbres (un par groupe) qui montrent comment des problèmes globaux comme le changement climatique, la pression démographique et foncière, ou l’acculturation viennent déstabiliser les bases fondamentales du territoire (ressources telles que la terre, les eaux, les forets maritimes et terrestres), aboutissant à de graves impacts économiques, sociaux et environnementaux.
Construction des idéotypes
L’analyse des arbres à problèmes a ensuite ouvert la voie à l’exploration de solutions qui ont été compilées et organisées dans une « boite à innovations ». Cette boite prend la forme d’un large répertoire de solutions, leviers et innovations destinées à être utilisés comme briques constitutives pour les idéotypes. Les éléments de la boite à innovation étaient très nombreux, dessinant des voies d’innovations variées et complémentaires : adoption de techniques agroécologiques, activités de restauration des écosystèmes, cursus de formations divers, intégration de l’agroécologie dans les plans de développement communaux, cadres de concertation pour la gestion des ressources naturelles, marketing territorial…
En puisant dans la boîte à innovations, les participants ont enfin ensuite construit un idéotype de département résilient et innovant face aux problèmes de salinisation, de tensions sur la biomasse et l’eau productive et de valorisation des produits d’intérêt territorial. L’idéotype a pris la forme d’une représentation globale du territoire, des sous-systèmes qui le composent (agriculture, services d’appui, politiques publiques, etc.), et de leurs liens.
Perspectives pour la DyTAEL de Fatick
Cet atelier d’idéotypage était co-organisé par la DyTAEL de Fatick, le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) et l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) avec l’appui de l’Initiative Agroécologie OneCGIAR et du projet MAHDIA. Ses résultats alimenteront la planification stratégique sur les dix (10) prochaines années de la DyTAEL et seront réstitués à l’occasion de la caravane nationale DyTAES-DyTAEL 2025.
A lire dans la presse…