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Webinaire (Restitution d’Etude) sur les contraintes à l’incorporation des céréales locales dans la panification au Sénégal

Le BAME a organisé un atelier de restitution des résultats de l'étude sur les contraintes à l'incorporation des céréales locales dans la panification au Sénégal, le mercredi 31 juillet 2024. Ce webinaire animé par l’auteur de l’étude Abdou Moutalib Ndiaye a permis de partager les résultats de recherche, de les faire valider par les différents acteurs de la filière et de développer des recommandations pour promouvoir l'utilisation des céréales locales.

Publié le 3 août 2024

La facture des importations de blé ne cesse d’augmenter, passant de 78,2 milliards en 2016 à 237,7 milliards de FCFA en 2022, selon les données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD). Ce qui accentue le déséquilibre de la balance commerciale et, par extension, de la balance courante. Avec l’urbanisation galopante et l’évolution des habitudes alimentaires, si rien n’est fait pour inverser la tendance, le Sénégal pourrait voir ses importations de blé augmenter jusqu’à 3 millions de tonnes d’ici 2050. Face à cette situation qui accroît la vulnérabilité du pays à l’extérieur, notamment depuis le Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne, l’État du Sénégal a fait de l’incorporation des céréales locales dans la panification une priorité.

Durant trois tours d’horloge (09h à 12h) les différents acteurs du secteur de la production de pains composés ont échangé sur les résultats de recherche de cette étude. Cette rencontre a été mise à profit pour porter le plaidoyer sur l’urgence d’intégrer un programme de production de pains composés dans les stratégies nationales du nouveau régime. L’auteur de l’étude (Mémoire de Master 2) Abdou Moutalib Ndiaye a dégagé quelques perspectives qui pourront contribuer à l’utilisation des céréales locales.

L’étude a été initiée suite au 24e « Mardi du Bame » au cours duquel deux thématiques avaient été abordées : la production du blé au Sénégal et l’incorporation des céréales locales dans la production de pain. L’objectif était d’analyser les raisons des échecs des différentes tentatives de production de pains composés et de proposer des solutions aux décideurs afin d’assurer le succès des initiatives à venir.

 ? Revivez en ligne les débats sur les contraintes à l’incorporation des céréales locales dans la panification au Sénégal sur YouTube ??https://www.youtube.com/watch?v=kwrwNU-QKMc

 ?? Voici une vidéo d’Abdoul Moutalib Ndiaye revenant sur son étude ?

Vous trouverez, en ligne, le mémoire de fin d’étude de Mr Ndiayedont les résultats ont été partagées lors de cette rencontre virtuelle entre acteurs du secteur et décideurs ??

Photos de famille des panelistes et invités

A lire dans la presse...

CONTENU DE L’ARTICLE DE PRESSE...

La facture d’importation de blé ne cesse d’augmenter, passant, selon les données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), de 78,2 milliards en 2016 à 237,7 milliards de FCfa en 2022. Ce qui accentue le déséquilibre de la balance commerciale et, par ricochet, la balance des paiements courants. Avec l’urbanisation rapide et l’évolution des habitudes alimentaires, si rien n’est fait pour inverser la tendance, le Sénégal pourrait voir ses importations de blé augmenter à 3 millions de tonnes d’ici à 2050. Face à cette situation qui accentue la vulnérabilité du pays vis-à-vis de l’extérieur, surtout depuis la Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne, l’État du Sénégal a fait de l’incorporation des céréales locales dans la fabrication du pain une priorité. Seulement, les initiatives lancées dans ce sens par le passé (« pamiblé », « pain riche », « pain doolé ») n’ont pas produit les effets escomptés. Dans cette perspective le Bureau d’analyses économiques de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra-Bame) a initié une étude axée sur l’incorporation des céréales locales dans la fabrication du pain et dont les résultats ont été présentés, hier, au public lors d’un atelier de restitution organisé au pôle de recherche de l’Isra à Hann. L’objectif est d’analyser les raisons des échecs des différentes tentatives de production de pains composés et de proposer des solutions aux décideurs afin d’assurer le succès des initiatives à venir. Selon Abdoul Moutalib Ndiaye, étudiant-chercheur à l’Isra-Bame et auteur de l’étude, ces contraintes sont entre autres, le manque de disponibilité de la matière première, le manque de formation des boulangers et le manque d’équipements adaptés. L’étude menée sur un échantillon de 40 boulangeries dans cinq régions (Dakar, Thiès, Saint-Louis, Fatick et Kaffrine) montre ainsi que deux-tiers des boulangers qui incorporent des céréales locales n’ont pas reçu une formation adéquate. En plus, la farine utilisée ne répond pas aux normes de qualité.
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Mais la plus grande contrainte est d’ordre économique. En effet, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, les céréales locales (mil, maïs) coûtent plus cher que le blé qui est doublement subventionné (par les pays producteurs et au niveau du Sénégal avec la suppression de la Tva sur l’importation de la farine de blé visant à faire baisser le prix du pain). L’étude montre également que le pain composé est « inadapté » à la consommation des familles sénégalaises. À ces contraintes liées à l’offre, s’ajoute un environnement institutionnel peu favorable parce que le décret 79-665 bis qui régit l’incorporation des céréales locales dans la fabrication du pain est « caduque ». Entre autres solutions, l’étude recommande le renforcement de la collaboration entre l’Isra et l’Institut de technologies alimentaires (Ita) afin de favoriser la disponibilité de la matière première ainsi que la formation des boulangers et la modernisation des équipements. Pour Amadou Gaye, le président de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fnbs), l’État peut, à travers une structure comme le 3Fpt, contribuer à la formation des boulangers. Il révèle qu’une étude parallèle menée par le Fnbs est parvenue aux mêmes constats, puisqu’environ 130 sur plus de 2.500 boulangers recensés utilisent régulièrement les céréales locales. Et 300 boulangers le font de temps en temps. M. Gaye pointe aussi les habitudes alimentaires des Sénégalais qui restent attachés à la baguette française. Pour changer la donne, il suggère d’agir sur l’import-substitution en plafonnant les importations de blé et d’imposer aux minoteries l’incorporation de céréales locales en amont. Par exemple, en ajoutant 5 à 10% de céréales, de légumineuses et de tubercules locales dans la farine de blé afin de pallier le manque de formation et d’équipements des boulangers. Pour contribuer au changement de mentalité, le Fnbs va organiser début septembre une « semaine du pain aux céréales locales », informe M. Gaye. Pour sa part, Moustapha Sall, directeur de la boulangerie Jaune, invite à miser sur le blé local, qu’on a tendance à oublier quand on parle de céréales locales et qui pourrait être une alternative à la baisse de la qualité et de la quantité du blé importé. Avec un rendement de 4 tonnes à l’hectare, dit-il, le blé local offre de meilleurs rendements que certaines céréales comme le maïs (3tonnes/ha). Sidy Ba du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr), lui, pense que le défi de la production de céréales locales à quantité et qualité suffisante est à portée de main. À son avis, il suffit simplement d’une volonté politique. Pour approfondir la réflexion, Dr Ndèye Fatou Mané, chercheure à l’Isra-Bame, invite le secteur privé à accompagner les structures de recherche en finançant des projets de recherche de ce genre.
(Extrait de l’article du Journal LE SOLEIL du 1e Aout 2024)

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